Hier soir ...cabaret !

Hier soir, mon adoré m'a conduite à travers les routes sombres du Gatinais afin de m'emmener au delà de ses contrées et de me faire gouter au joies du cabaret ! Bonne surprise, car j'adore ces ambiances !

C'est à Egreville que nous nous sommes arrêtés, devant ce grand batiment nommé le "Dock du rire".

Au menu: magiciens, spectacle de ventriloque, un chanteur et une chanteuse, magiciens, montreur de marionnettes fluos et délirantes ...

Quelle surprise de reconnaître la chanteuse Madame Sacha !!! Sous une tonne de maquillage, de frou frou et de plumes diverses et colorées ... une connaissance des cours de claquettes, des soirées cabaret Curtinienne où elle a chanté du Bruand ...une habitante de Courtenay , comme moi ...

Hier, elle nous a chanté du Piaf pour l'amour, mais elle chante aussi du Boris Vian et donc de l'Aristide Bruand et plein d'autres encore ainsi que quelques une de ses compositions ...

Elle tente aussi de faire découvrir aux petits et jeunes Curtiniens notre Aristide Bruand, de Courtenay lui aussi et méconnu par sa population. Pas grand chose sur lui dans cette ville, sauf si l'on connait un peu le Moulin ...et encore vraiment pas grand chose ...

Moi, c'est en découvrant Aristide Bruandà travers les années, que j'ai découvert que je connaissais déjà un peu son monde depuis ma toute petite enfance ... à travers mes surnoms !

Le premier: Nini Pattes en l'Air ... car, j'étais assez rigolote, agile et que je sautais partout étant petite ...

Pas très habillée la Nini pattes En l'Air ...

Qui est cette Nini Patte en l'air ? Une danseuse de cabaret. Elle dansait avec la Goulue, dite aussi "Vide Bouteille", de son vrai nom: Louise Weber. Elles dansaient le "Quadrille Naturaliste", une danse frée par Céleste Mogador en 1850. Celle-ci est composée de figures aux noms militaires ou venus de noms donnés à des jeux d'enfants. C'est à partir de cette danse que le "cancan" fut créé en 1861 à Londres, et Louise puis Nini la reprirent vers 1900. Nini décida d'ouvrir sa propre école. La police fit une descente un jour, car cette école aurait caché certaines activités illicites ...Nini disparu peu après.

Les filles, votre jupon c'est votre drapeau,

Votre épée, votre bouclier,

... et le grand écart mène à tout !

Nini patte en l'air

Mon autre surnom, c'est Nini Peau d'chien ...par certaines anciennes de Courtenay ... quand on parle de cette Nini là, on parle tout de suite d'Aristide Bruand qui la si chantait bien ...

Nini peau d'chien, on l'aimait bien à la Bastille ...elle avait la peau douce ... Peau d'chien ...pas la peau du chien, le canidé, non, la peau du chien des mers ... Le chien des mers était une sorte de squale à la peau très rugueuse, et depuis longtemps et durant fort longtemps, on a utilisé cette peau pour poncer et reponcer ... le bois ... On en usé des peaux !

Aristide Bruand, ou Bruant (il a changé lui même l'orthographe de son nom) a chanté au Chat Noir avant qu'il ne déménage. A ce moment là, Aristide bruand a monté le "Mirliton", puis a acheté "Au Lapin Agile", dans le vieux Montmartre, avant de le revendre plus tard, aux descendants des anciens propriétaires.

Le Chat noir ...

Bruant jeune ...

Et le Lapin Agile ...le plus ancien cabaret existant à Paris

Boronali, l'âne ... et l'ancien propriétaire du Lapin ...

Il y a presque 100 ans ...

C’est une maison villageoise rose, couverte de lierre située au 4 de la ruedes Saules.

Cet établissement a souvent changé de nom : il se nomma " au rendez-vous des voleurs ", puis " le cabaret des assassins " et " A ma campagne ". En 1886, Adèle Decerf , une ancienne danseuse de cancan, reprit l’établissement.

Sa spécialité culinaire était le lapin sauté à la casserole. En 1875, le dessinateur caricaturiste André Gill imagina comme enseigne un lapin bondissant hors de la casserole. Par jeu de mots, le lapin à Gill devint le "lapin-agile" L’original de l’enseigne est conservé au Musée de Montmartre.

En 1903, Aristide Bruant racheta le cabaret et le nouveau gérant, Frédéric Gérard, dit le "père Frédé" donna une nouvelle vie au cabaret. Autour de sa guitare et de son violoncelle, toute la bohème montmartroise se retrouve le soir dans la bonne humeur. Le père Frédé anime les soirées, il chante et fait chanter les uns, déclamer les autres. Un jour, le peintre "Boronali" exposa sa toile abstraite : " coucher de soleil sur l’Adriatique " au Salon des Indépendants et la critique fut enthousiaste ! Il s’agissait en réalité d’une œuvre de Lolo, l’âne de Frédé, à qui on avait attaché un pinceau à la queue ! Boronali est l’anagramme d’Aliboron, l’âne de la fable de La Fontaine !

Le lapin Agile devient le temple des chansonniers et des artistes . On peut y voir Carco, Apollinaire, Courteline, Max Jacob, Marcel Proust, les peintres Renoir, Utrillo, Braque, Modigliani et Picasso qui aimait s’asseoir à la terrasse avec sa chienne Frika. Il a peint des toiles où il se représente avec Frédé, puis représentant Margot, la belle-fille de Frédé (future Madame Mac Orlan ).

Mon autre et dernier surnom ayant un rapport avec la Belle Epoque et les personnages étranges du vieux Montmartre, est celui de Mistinguett ... une ancienne chanteuse de cabaret ayant cotoyé Maurice Chevalier, puis, plus tard,Jean Gabin ...

Elle chantait des chansons encore connues actuellement, comme "Mon Homme" ...elle a tourné des films aussi.

Mistinguett et Maurice !

Elle est née Jeanne Florentine Bourgeois au 5 de la rue du Chemin-de-Fer à Enghien-les-Bains le 3 avril 1875, fille d'Antoine Bourgeois, journalier, 30 ans, et de Jeannette Debrée, son épouse, couturière, 21 ans, et non en 1872 ou 1873 et même 1878 comme le citent la plupart des dictionnaires. - Il faut retenir cette date ne serait-ce que pour se rappeler que, née en 1875, elle a eu 25 ans... en 1900 et qu'en 1900, la «Belle Époque» débutait...

Quand elle disparaît, elle est devenue "propriété nationale" (Colette) 

Un peu d'histoire  ...

Après les horreurs de la guerre de 1870, s’ouvre une période d’insouciance et de légèreté. Ce sera une période de répit entre deux guerres et une transition entre deux siècles. Les bourgeois s’encanaillent, la culture populaire est mise à l’honneur. Au coeur de cette effervescence, la butte Montmartre fait figure de lieu emblématique : music-halls et cafés-concerts deviennent les symboles de ce brassage socioculturel.

r, le grand écart.

Le Moulin Rouge devient le temple de la musique et de la danse. En 1850, une danseuse du Bal Mabille, Céleste Mogador, invente une nouvelle danse : le Quadrille. Avec un rythme endiablé, les danseuses font perdre la tête au Tout-Paris sur les musiques aux harmonies parfaites de Jacques Offenbach. Mais c’est à Londres en 1861, que Charles Morton, inspiré par le quadrille, invente le French-Cancan (ou Louise Weber ...?). A la limite de l’indécence, cette danse tient sa popularité à l’art de faire le grand écart en soulevant ses jupes. Bas noirs, jarretelles et dentelles, ensorcellent les clients du Moulin Rouge !

Des danseurs et danseuses deviennent célèbres, la Goulue, Miss Jenny, Grille d’égout, Serpolette, Nini Pattes-en-l’air qui ouvrira une école de Cancan, La Môme Fromage, Valentin le Désossé, Jane Avril dite Jeanne la Folle...

Des artistes y trouvent leur inspiration, en particulier Henri de Toulouse Lautrec, qui immortalisera ces scènes colorées, et, en 1907, une débutante fait ses premiers pas sur la scène du Moulin Rouge : ce sera là le début de la longue histoire de Mistinguett !