Lettre émouvante d'une ancienne du Gabon ...
J'ai reçu un soir, un mail ...bourré d'émotion, j'ai répondu, et Eve m'a envoyée en quelques mots, ce que j'ai pu ressentir en revenant du Gabon ... alors que nous étions enfermées dans cette subite solitude, ce déracinement, ce monde inconnu qui était le notre, persuadée d'être les seules à souffrir, d'autres, vivaient la même chose, où étaient déjà passé par là.
D'autres personnes comprenaient.
Je n'ai pas tout mis, mais j'ai mêlé ces deux lettres. A travers ce qu'elle dit, Eve a mis beaucoup d'émotion, de bonheur mêlé à énormément de souffrance, sa sensibilité est à fleur de peau, car tout est resté là, dans le coeur et dans la tête, sans jamais vraiment en sortir ...
Les anciens du Gabon sont là pour te comprendre Eve !
Au gabon les sensations sont fortes, j'y ai passé les plus belles années de ma vie...ce pays a marqué toute la famille sur 3 générations ! Je sais que le virus ne passera jamais mais je ne sais pas si je pourrais y retourner un jour...depuis que je suis de retour en France, ça fait un bail ! Je suis clostrophobe et je trouve la vie tellement terne....heureusement la nature qui m'entoure m'apaise et me ressource. à toi que je ne connais pas je te souhaite....que du bonheur ! (Merci Eve !)
Comme d'ab, ce matin j'allume mon pc, ma fenêtre sur le monde, avec mon premier café et agréablement surprise j'ouvre de suite ton mail. j'avoues que je n'étais pas encore bien remise de mes émotions de la nuit et je ne savais pas trop ce qui m'attendait...oui ça a été un très agréable surprise riche en émotions..Je parle rarement de l'afrique, des fois à mes enfants...qui peut comprendre? c'est une partie de moi que peu de gens connaissent. Je n'ai pas pu garder de contact la bas, j'etais trop jeune et la rupture a été brutale, sans préparations...
J'ai tout de suite cliqué pour aller découvrir ton blog. Il ne pouvait que m'attirer, ne serait ce que par son titre : Hirondelle..."toi mon amie, mon aimée, je te guette chaque printemps,attendant les nouvelles de mes frères et je te pleure chaque automne, te chargeant de mes messages pour ma mère Afrique" ! Je n'ai pas pu finir de lire ton blog, j'ai pris mon 2e café, je suis allée m'assoir dehors sur les marches face au soleil et j'ai deversé mon flot de larmes. Non ça ne passe pas, c'est inguérissable, une blessure profonde ! Je suis arrivée en France à 12 ans telle une petite gabonaise direct sortie de sa brousse...sans savoir que je ne vivrai plus jamais sur ma terre ! C'était chez moi et nulle part ailleurs ! En France, j'étais une étrangère, je le suis restée, et ça, dans mon entourage personne ne peut le comprendre. Quand j'entends parler des émigrés, j'ai un peu la haine, je me sens dans le même cas et je les comprends: ce n'est pas facile d'être déraciné.
Tout m'interesse, Hirondelle, il n'y a pas que l'Afrique ...je suis curieuse et généreuse par nature, même si j'ai de grands coups de blues, je suis une optimiste, une amoureuse de la vie....c'est l'emprunte de l'afrique ! (...) J'adore ton article sur l'hirondelle...quand j'étais petite, je me demandais aussi où elles disparaissaient, moi à la saison sèche, la bas dans la lointaine afrique, toi à l'automne dans la campagne du centre de France (...)
Et oui, quand on dit que l'Afrique nous manque, c'est à ce point, c'est dans l'âme et dans la chair ... et on grandit avec: peut être est ce pour cela qu'une fois adulte, c'est encore plus lourd et pesant, plus fort du coup ... mais Eve le dit si bien ...je pense qu'elle va faire un blog, et ...oui, j'en parlerai ici ! Parce qu'elle a plein de choses à faire partager Eve ... elle est née là bas (le bol !) en 1956, et a quitté l'Afrique en 1974. Elle a grandi entre le Gabon et le Congo. Peut être que certains ou certaines l'ont croisée là bas ...